Semaine 8

Publié le par Manon

Jeudi soir

Apres le repas, Ruth sort un sac de fringues et commence a faire la distribution : Omo, Rebecca, Dory…et moi. Deux tee-shirt et une jupe. Je suis trop mal a l’aise. D’abord parce que ca me gene qu’elle m’achete des fringues.Mais aussi parce que j’ai horreur qu’on m’offre des fringues que je ne choisis pas. Les deux tee-shirt me vont comme un gant, mais je reste perplexe devant la jupe, je ne comprends pas comment elle se porte. Ruth, en me voyant desorientee, la reprend. Je remercie Ruth mais lui demande de ne plus m’offrir de fringues, a l’avenir. Elle me dit :

  • Comme ca tu te souviendras de moi quand tu rentreras dans ton pays.
  • Non mais tu n’as pas besoin de m’offrir des fringues pour que je me souvienne de toi.
  • Non ce n’est pas ca mais ici tu es comme ma fille donc quand j’achete des fringues a mes enfants, je t’en achete aussi.

Je me demande quel est le sens du verbe “se souvenir” ici. Est-ce que pour eux, se souvenir de quelqu’un, c’est lui envoyer des cadeaux et du fric ?J’en ai bien peur. Non parce que clairement, si elle m’offre des fringues, c’est qu’elle espere recevoir quelque chose en retour. D’ailleurs, elle m’a dit : “aujourd’hui, je t’offre des fringues, demain sit u m’offres quelque chose aussi, je dirai “merci mon dieu !”. (Ben j’espere que tu diras aussi “merci Manon” parce que ce n’est pas Dieu qui va les payer les fringues).

Vendredi

Le reveil sonne a 5h30. En deux temps trois mouvements, je suis prete a partir, pour prendre le bus de Nairobi. Mais je dois attendre que les enfants et Ruth soient prets aussi, pour qu’on descende ensemble de la montagne : il fait encore noir, Ruth n’est pas rassuree que je descende toute seule. Du coup, j’attends, assise sur une chaise avec mon k-way et mon sac sur le dos, en regardant la pendule toutes les deux minutes. Je suis en stress de rater le bus. Il part a 7h. Je suis censee y etre un quart d’heure a l’avance. Descendre de la montagne prend 20 minutes. Puis il faut prendre un matatu ou un piki-piki. Ma tete est pleine de calculs, je boue de devoir les attendre. A 6h20, enfin, on part.Enfin ! Ah bah non je croyais qu’on partait mais non, d’abord on fait la priere… Ruth demande a Dory de prier pour “notre soeur qui part en safari”. Dans ma tete je me dis : hein ?! mais je ne pars pas en safari ! Puis je me souviens.Safari, ca veut dire voyage en Swahili.Dory se met donc a prier. Pour que j’arrive en un seul morceau a Nairobi. Pour les malheureux des hopitaux. Pour les pauvres qui ne mangent pas a leur faim, etc etc, j’ai cru qu’on allait enumerer tous les malheureux de la planete avant de partir. On peut enfin y aller. Alors faut voir l’equipement des gens. Oui parce qu’il pleut. Ruth a enroule un tissue autour de sa jupe, a un fichu sur la tete, un k-way et porte en plus un parapluie. Quant a Dory et Naomi, elles portent un parapluie, sous le parapluie, un k-way avec capuche, et sous le k-way avec capuche, un sac plastique qui bique en l’air comme une toque de pape. Si je n’etais pas aussi stressee de rater le bus, je serais morte de rire.

En voyant ca, je me dis qu’ils doivent avoir vraiment peur de l’eau ici. Certes ils ne savent pas nager, m’enfin on en est pas encore la ! Ca y’est, j’y suis ! Ce sont des gremlins ! Ils se reproduisent au contact de l’eau ! C’est pour ca en fait qu’il y a autant de gosses ! En fait, les africains sont des gremlins ! C’est pour ca que parfois, Rebecca est oblige de chopper Omo qui ne veut pas prendre sa doucher, de l’asperger et de le savonner !Bref, on descend de la montagne. J’eclaire a la lampe de poche les passages difficiles (plein de pierres), histoire de ne pas rater le bus parce que je suis a l’hosto une jambe cassee. Je marche bien sur 10 fois plus vite qu’eux. Enfin les filles arrivent a me suivre, mais Ruth traine derriere. A vrai dire, vu l’heure qu’il est, j’irai bien en courant, mais ca se ne fait pas. Finalement, après un matatu et un piki-piki, me voila enfin a l’arret de bus, i lest 6h50. Le bus est arrive a 7h30. C’etait bien la peine de stresser. Mais je suis bête, c’etait a prevoir, Africa time, ca vaut aussi pour les bus ! Dix heures de route, deux chapatis et deux samosas plus tard, me voila a Nairobi. Avec deux heures de retard. Pauvre mec de KVDA (l’organisme qui gere les volontaires) qui m’a attendue a la gare deux heures… C’est l’heure de pointe, les routes de Nairobi sont congestionnees et les chauffeurs jouent a la loi du plus fort : ils forcent le passage ou marchandent entre eux pour se laisser passer.

C’est un jeu, ils rigolent. J’hallucine.

Descendue du matatu, Emily (qui bosse pour KVDA) m’attend pour m’emmener jusqu’a la residence. Il a plu toute la journee et les rues sont inondees. Il faut parfois attendre que les voitures passent pour marcher au centre de la route, qui emerge de l’eau tel un iceberg. Ou alors il faut faire de la pouter sur les briques qui separent la route du bas-cote. A un moment, je me sens basculer vers la gauche, c’est-a-dire vers une immense mare d’eau. Si un gars ne m’avait pas attrape le bras, j’etais bonne pour un petit plongeon. Moi qui attendais impatiemment Nairobi pour aller a la piscine… curieusement, je n’ai plus trop envie d’y aller, il fait presque froid, et il pleut !

Samedi

Je commence ma journee par chercher une carte-memoire pour mon appareil photo. Je vous explique : je suis une grosse parano, et ne peux m’empecher d’imaginer le pire, genre qu’en marchant dans la rue avec mon sac (et mon appareil photo et toutes ses photos) je vais me faire braquer et comble de l’horreur, perdre toutes mes photos (voire meme mourir, mais ca c’est moins grave…je blagueeeee). Je precise que j’ai quand meme des raisons de psychoter pour mes photos car dans ma courte vie, j’ai quand meme deja perdu trois fois mes photos. Bon, si on en croit le dicton, jamais deux sans trois, j’ai peut-etre epuise mon quota de perte pour toute ma vie. A moins que je recommence une serie. Ce qui est bien c’est qu’au moins, je perds toujours mes photos d’une facon differente, donc ca me fait des histoires variees a raconter. Entre le con qui m’efface volontairement les photos de mon ordi, “pour rire”, la fois ou je me suis fait piquee mon sac alors que je campais au Mozambique sur la plage, et la fois ou une conne de femme de ménage a mis la carte memoire que j’avais gentiment posee sur la table de chevet de l’hotel, dans le sac de mon plouc de mec qui m’a ensuite larguee et ne m’a jamais rendu mes photos (mais les a mises sur son profil facebook comme si c’etait les siennes…). Oh Malheur, je viens de me rendre compte que je n’ai pas perdu mes photos trois fois mais quatre fois. Je me suis aussi fait vole mon sac en Grece. J’ai donc commence une nouvelle serie. Bref, tout ca pour dire qu’a chaque fois que je vais au cyber avec mon disque dur (pour transferer mes photos et ne pas les perdre…) et mon appareil photo en meme temps, je sors la carte memoire de l’appareil photo pour la mettre dans une pochette-ceinture, glissee sous mon pantalon. Et bien sur, a force de sortir ma carte memoire, et ben je l’ai cassee. Je suis une teube.

Je vais ensuite au centre-ville pour rejoinder Stella, la fille avec qui je correspondais quand j’avais…14 ans ? Oui il faut savoir que deja petite, je revais de voyages…j’allais dans les agences de voyage chercher des brochures touristiques, et je revais devant les photos (a l’epoque, je fantasmais surtout sur Tahiti et compagnie). Et j’avais des correspondants a chaque coin du monde. Tous les mercredis ou on mangeait puree-saucisse (veridique, y’avait vraiment un lien de cause a effet), je recevais un colis ou une lettre pleine de jolis timbres, et je sautais dans toute la maison en hurlant comme une hysterique “j’ai recu une lettre, j’ai recu une lettre !”. C’etait ma facon de voyager. Curieusement, aujourd’hui quand je recois du courrier, je ne saute plus de joie dans toute la maison. Bref, comme je suis un peu en avance, je cherche une librairie, pour acheter un bouquin pour apprendre un peu le Swahili ! (histoire de m’occuper dans mes montagnes…). Alors que je passe a la caisse avec ma methode pour apprendre le Swahili, avec explications en anglais, le gars me dit que si je veux, il a un bouquin avec explications en francais (et oui, il a reconnu mon accent…). Incroyable !J’arrive au point de rendez-vous a 12h, pile poil. Ma correspondante est arrivee a 13h. En attendant…je me suis assise, et me suis amusee a regarder les blancs qui sortaient du Hilton, avec leur short et leur tronche cramee. Je me dis que decidement, on ne vient pas du meme monde. Malheureusement, pour les blacks, je suis exactement comme eux. J’essaie de ne pas trop psychoter en attendant Stella, mais j’avoue que je ne suis pas hyper rassuree. Je n’oublie pas le surnom de Nairobi : Nai-robbery, et que c’est cense etre une des villes les plus dangeureuses d’Afrique. Bon, certes, j’ai survecu au Mozambique et a l’Afrique du Sud. Mais n’empeche, je guette les gens bizarres, et je m’attends a tout moment a me retrouver avec un pistolet Braque sur la tempe. Enfin, Stella et son mec arrivent. On se met en route pour la station de matatu. Ils ne sont pas tres rassurants sur Nairobi, j’apprends un truc que je ne savais pas : apparement, ici, il ne faut pas serrer la main des gens que l’on ne connait pas, car il y a des gens qui mettent un truc sur leur main qui fait que quand tu la leur serres, tu tombes dans les pommes et bien sur, quand tu te reveilles, tu n’as plus rien sur toi, si ce n’est tes fringues (c’est deja bien, vous me direz). Petit passage par chez elle, David son mec, me raconte que quand il etait petit, il voyait des elephants tous les matins en allant a l’ecole, et que donc ce qui l’interesse aujourd’hui, c’est la vie trepidente de Nairobi. Tout le contraire des blancs. On va ensuite au parc national de Nairobi. A l’entrée du parc, des masais attendent les touristes. En voyant que je ne sors pas mon appareil, Stella me demande ce qui cloche chez moi. Je reponds que je n’ai pas envie d’etre le stereotype de la parfaite touriste. Finalement, c’est elle qui prend la photo, puis m’entraine au milieu des masais pour que David nous prenne en photo avec eux, sous le regard amuse d’autres touristes un peu plus loin. J’ai honte. Heureusement que je suis avec deux Kenyans, ca passé deja mieux. Puis on va au resto, resto de parc national, pour touriste, trop classe. C’est tellement long a arriver qu’on se demande qu’ils sont partis tuer un poulet chez les luyhas (la tribu ou j’habite). Tous les deux sont des kikuyus, Stella a toujours habite Nairobi, bref, ce sont des Kenyans “occidentalises”, et ils se demandent ce que je suis allee foutre chez les luyhas ! Ils me plaignent quand je leur raconte mes nuits, l’omena, l’enfer de la radio…apparemment, les luyhas sont connus pour mettre la radio du matin au soir, et volume a fond. Je confirme. Stella me propose de retirer les piles et de les cacher. Plus vicieux, son mec me propose de retourner les piles, comme ca, ils ne vont pas comprendre pourquoi ca ne marche plus. Il y a quelques semaines, mon cerveau formentait des scenarios pour tuer les gosses, aujourd’hui, c’est la radio :

1/ je suis dresseuse d’elephant dans un cirque, et je fais asseoir un elephant sur la radio qui craque et s’eteint, sous les applaudissements de la foule.

2/ je suis a la poupe d’un bateau en equilibre sur la balustrade, et telle Rose jettant le Coeur de l’ocean sur le lieu de naufrage du Titanic, je jette a la mer la radio lestee d’un enorme rocher. Je regarde ensuite la radio s’enfoncer de plus en plus profondement dans l’eau en faisant de jolis tourbillons.

3/ Vous voyez le jeu de Fort Boyard dans lequel deux adversaires tentent d’etre le premier a enfoncer un clou dans une planche au moyen d’un marteau ? Et ben je joue au meme jeu, avec la radio a la place du clou.

Enfin nos assiettes arrivent. Premier orgasme culinaire de la journee. Stella ne finit pas ses frites. Je ne peux pas laisser partir ces merveilles a la poubelle ! Je n’hesite pas longtemps et lui demande si je peux finir son assiette. Ils sont morts de rire. C’est le monde a l’envers, la blanche qui finit les restes des noirs ! Ils me demandent si je souffre tant que ca chez les luyhas ! Je n’ai meme pas honte, c’est “moins pire” qu’Ade, ma coloc d’Afrique du Sud, qui elle finissait carrement les assiettes des tables voisines ! Au moins moi je connais la personne (certes, depuis une heure, mais j’ai echange des lettres avec elle pendant des annees !). On visite ensuite la partie du parc que l’on peut visiter a pied, amenagee un peu comme un zoo en fait. L’entrée pour Stella et David ? 2,5euros. Pour moi ? Bah, juste 10 fois plus eleve, c’est rien ! Serieux, 25 dollars mon entrée. Bref, on voit plein d’animaux, dont un super lion. Moi qui disais que je ne rentrais pas en France tant que je n’avais pas vu de lion…et ben je ne peux toujours pas rentrer ! Ben oui, faut pas deconner, ce n’est pas un lion sauvage donc ca ne compte pas !Devant le rhino, on pete une barre en entendant une kenyane demander a son mec : “et ca, c’est un elephant ?!”. Non non, une girafe. Nous finissons la journee dans un bar. Avant de partir pour le resto, je decide d’aller aux toilettes. J’etais en train de me feliciter d’avoir vu la marche pour monter sur l’estrade qui mene aux WC quand je me suis cassee la gueule parce que je n’avais pas vu la marche pour descendre de l’estrade. Non mais ils ne peuvent pas mettre des bandes fluo, serieux ? Comme toujours dans ces moments la, je me retourne pour voir si quelqu’un a vu que j’avais faille me manger la porte des chiottes. Oui. Mais contrairement a un pays normal ou les gens seraient morts de rire, ici les gens s’inquietent et s’excusent !!! Alors ca, je ne comprendrai jamais ! Pourquoi diable les Africains s’excusent-ils quand je me brule ou quand je trebuche ?! Ce ne sont pas eux qui m’ont renverse un plat dessus ou qui m’ont fait un croche-pied !! Ca me depasse !Puis resto.Deuxieme orgasme de la journee. En mangeant, ils se moquent gentiment des luos (une tribu voisine de la mienne). De 1/ pour leurs pratiques archaiques : quand le mari meurt, le frère recupere la femme (et la femme refile donc le sida au frère, qui le refile ensuite a sa premiere femme). Et de 2/ pour leur fierte demeusuree. Apparemment, Barack Obama est d’origine luo, du coup, quand on parlerait avec un luo, il tenterait toujours de nous montrer que d’une maniere ou d’une autre, il est de la famille de Barack (j’ai une cousine qui est mariee avec l’arriere grand-pere de Barack, etc…).

Ils m’expliquent que les kikuyus sont la tribu majoritaire au Kenya, et que du coup, le president est toujours kikuyu, car ici, on ne vote pas pour quelqu’un pour ses idees, mais pour son appurtenance ethnique… De plus, les kikuyus sont ceux qui se sont battus pour l’independance, alors que les luos ont collabore avec les Anglais…

Puis ils me ramenent en taxi a la residence KVDA. Super journee ! J’avoue que ca fait du bien de vivre un peu “normalement” et de parler avec des gens “modernes”…Je crois qu’eux-memes auraient un choc culturel s’ils venaient me voir dans mes montagnes…

Dimanche

Je profite de la vitesse normale d’internet (compare a Luanda…) pour mettre a jour les photos de mon blog. Entre ca, mes mails et skype, je passe 6 heures sur internet !!! Ca me coute 6 euros, ca va, je ne suis pas ruinee… C’est con parce qu’a Luanda, ils ont des webcam mais skype ne marche pas. Ici skype marche, mais ils n’ont pas de webcam… Je discute deux heures avec mes parents et ma soeur. Les ordures font expres de manger du chocolat devant moi. Et ma soeur de dire :”mhhh c’est bon…” en mode publicite. A un moment, ca coupe, et quand la video reprend, j’ai juste le temps de voir mon pere cacher un chocolat derriere son dos ! Bon, je ne suis pas une grande fan de ces chocolats, mais quand meme, ca reste du chocolat ! Ma soeur me dit : “en fait, pour resumer la situation, toi tu te fais chier, tout en regardant Rebecca trimer comme une dingue”. Oui, c’est un peu ca. Mais c’est de ma faute si je ne sais pas faire tout ce qu’elle fait ?! Moi je suis l’assistante : quand elle cuisine, j’apporte les trucs dont elle a besoin : marmites, sel, huile, assiettes… j’ai de l’avenir en cuisine, moi je vous le dis ! ;p

Lundi

Emily vient avec moi pour refaire mon visa (raison de mon week-end a Nairobi). Apparemment, maintenant, si on ne connait personne qui travaille dans les bureau, c’est impossible, car ils considerent que trois mois sont suffisants pour faire ce qu’on a a faire au Kenya. Bien sur, le volontariat est interdit… Heureusement, le chef de KVDA connait quelqu’un…donc une fois arrives, on s’assoit au milieu de tout le monde, Emily passe un coup de fil, un mec debarque de je ne sais ou, en jean-sweater, je lui file mon passeport avec 30 euros a l’interieur, et la, on attend deux heures que le mec revienne. En attendant, j’observe. Les deux couples mixtes : deux blancs, vieux et moches (mais blancs donc riches), avec deux petites jeunettes, noires. C’est beau l’amour (de l’argent).Un couple de francais avec un gosse adopte. Ils ont rate leur avion car sur le passeport du gosse, l’administration s’est trompee et a ecrit fille alors, que le gosse est un garcon. A l’aeroport, ce n’est pas passe…Puis le mec qui a pris mon passeport appelle Emily. On le rejoint dehors, ils me file mon passeport, et on se barre tous limite en courant. Pas tres catholique cette histoire… Une fois a KVDA, je peux enfin sortir mon passeport…ouf c’est le mien ! Et ils m’ont prolongee de 4 mois ! Je n’en demandais pas tant ! J’avoue qu’avec toutes ces histoires de corruption, je n’etais pas rassuree… Surtout qu’Emily avait dit qu’il etait peut-etre trop tot pour renouveller mon passeport et que j’allais peut-etre devoir attendre 5 jours plus tard la date d’expiration…!!! Cinq jours a Nairobi, l’enfer !

En fin d’apres-midi, j’ai un autre rendez-vous skype, avec l’organisme de tourisme equitable avec qui je suis en contact, depuis quelques temps. Je passe une heure trente a repondre aux questions de la fille avec qui je parlais par mail etde son boss. Reponse dans la semaine ! Croisez les doigts pour moi !

Mardi

A 7h30, le bus demarre ! Tiens, on voit qu’on est dans la capitale, ici ! Les bus partent a l’horaire indique ! Fou dingue ! Ca m’a fait du bien ces cinq jours de “normalite”, de ne pas entendre “Mzungu” ni d’etre regardee de haut en bas dans la rue. Arrivee la-bas tout la haut dans mes montagnes a 17h, naze. Je demande a Rebecca ce qu’elle pense des kikuyus :”sit u veux monter un business et que tu n’as pas d’argent, il faut aller voir un kikuyu, ils savent comment trouver du fric”. A table, le soir-meme, je sors les cakes que Ruth m’avait demande de ramener. Infame trahison, il n’y a pas de pepites de chocolat comme indique sur l’emballage. Scandale !Comme d’hab, Ruth me demande combien j’ai achete les cakes.Un peu plus tot, c’etait Rebecca qui me demandait combien j’avais achete mon livre de Swahili (j’ai baisse le prix de 700 shillings a 200). Je ne reponds pas et dis : “pourquoi vous voulez toujours savoir combien j’ai achete tel ou tel truc ?!”. C’est vrai quoi, c’est agacant a la fin ! Je ne sais pas si c’est pour essayer de determiner a quel point je suis riche ou a quel point je me suis faite arnaquee. En meme temps, meme si je me suis faite arnaquee, je ne vais pas reprendre un bus pour Nairobi pour aller me faire rembourser !

Mercredi

Journee de “volontariat”, avec Catherine, qui m’emmene dans un “hopital”, ou on assiste a une reunion de community health workers specialisees dans la contraception. Toutes des femmes, assez vieilles, qui vont de maisons en maisons pour discuter, conseiller et informer a propos de la contraception. Bon, encore une fois, je n’assiste pas vraiment a la reunion mais me contente de repondre aux questions des femmes par rapport a la situation en France. Alors il faut savoir qu’ici, les femmes prennent leur pilule en cachette, car les maris, ca les fait triper d’avoir plein de gosses qui courent partout dans la maison (en meme temps forcement, c’est pas eux qui se les coltinent toute la journee, eux pendant que la femme passe la journee a laver les fringues de tous les gosses, ils se tapent les voisines alors on peut les comprendre).

Salome, la responsable de Life Link, me file les cartes postales que j’ai recues. En parlant sur skype avec ma soeur, je me suis rendue compte qu’il faudrait peut-etre que je reclame mon courier. Moi j’attendais betement que Salome me donne quelque chose, je n’avais pas realise qu’ici, les gens ne surveillaient peut-etre pas aussi frenetiquement leur courrier que moi a 13 ans, quand j’avais des correspondants partout dans le monde. J’ouvre d’abord l’enveloppe de mes parents (la plus grosse), en me disant que je vais garder les autres pour les jours prochains, histoire de faire durer le plaisir. Dans l’enveloppe de mes parents, une carte, du chocolat (fondu) et deux bouquins, dont un de Paolo Coelho…que je viens d’acheter a Nairobi. Ca m’apprendra a patienter betement après mon courrier ! Dire que j’avais le choix entre deux Paolo Coelho, il a fallu que je choisisse pile celui que ma mere m’a envoye…! Enfin, ca montre que ma mere connait bien mes gouts litteraires… Et si je m’ennuie vraiment, je pourrais me lancer dans une etude comparee de la traduction francaise et anglaise du bouquin !

On visite ensuite l’hopital. Je ne suis pas tres a l’aise en traversant les salles ou sont allonges les patients… Par chance, j’echappe a la visite de la morgue(le gars m’a quand meme demande si je voulais y aller ! Non mais vraiment, pourquoi tu me poses la question, j’ai envie de dire !). Je vois aussi la salle d’accouchement (je prends une petite photo pour ma maman sage-femme) et la salle d’operation. J’espere ne jamais avoir a me faire operer en Afrique.Puis je me retrouve toute seule dans le bureau du directeur (parti chercher des sodas). Je craque, je lis toutes les cartes postales que j’ai recues (merci !!!!J). La fille qui n’a aucune volonte. Enfin il y a tellement de situations plus importantes dans la vie ou il faut faire preuve de volonte que je me dis que c’est debile de me retenir simplement d’ouvrir des lettres !! Le chef de l’hosto et Catherine reviennent, et j’ai le droit a tout un speech de la part du chef sur les dangers du Kenya. Il faut que je fasse attention, que j’aie un garde du corps lorsque je vais retirer du fric, patati et patata. Il est meme pret a “sponsoriser” Catherine pour qu’elle m’accompagne lors de mon prochain week end dans les iles du lac victoria (le mois prochain). Il debloque completement lorsque je lui dis que j’habite Emanaka, en haut des montagnes. Je m’enerve un peu, comme si je n’etais pas deja assez parano ! A Nairobi, je serais bien allee au cine (les films me manquent !), mais parano que je suis, j’imaginais le centre commercial dans lequel se trouve le cinema exploser pile pendant le film (cf, attentats terroristes d’il y a quelques annees). Bon, faudrait vraiment que le film soit bon pour que je prenne le risque de mourir en allant au cinema. Catherine m’explique en sortant que le mec s’est fait Braque en sortant de la banque il y a quelques annees. On va manger chez Catherine. J’essaie de preparer l’ugali. Je me crame les doigts (elle s’excuse… ;p). Salome revient de l’enterrement d’un gosse de deux ans. C’est un blanc qui s’est enerve et l’a tue après avoir entendu le gosse l’appeler “mzungu”. Non je rigole.Le dimanche, le gamin petait la forme. Pendant la nuit, il a commence a se sentir mal et ses parents l’ont emmene a l’hosto . Le lundi matin, il etait mort. La malaria. Tout d’un coup, je me dis que je vais faire attention a bien prendre mes cachets…

Le soir, Dory passe en revue toutes les personnes des photos accrochees aux murs de la maison (la moitie sont mortes). D’ailleurs y’a aussi des photos du cercueil de leur pere. Puis Ruth me dit :”j’ai six enfants ! Dis a tes parents qu’ils doivent m’aider !”. Je suis tellement sur le cul que je ne sais pas quoi repondre. Mes parents, ils se sont arretes après deux gosses, ce n’est pas pour payer les etudes des gosses des autres, j’ai envie de dire. Avec toutes leurs questions, je m’embrouille a la fin !

C’est pas facile de devoir toujours mentir a propos des prix, et de reflechir a ce que je peux dire ou pas. Il y a quelques jours, j’ai laisse echappe que mes parents venaient me voir en juin. Ils me demandaient quand je partais de chez eux, et quand je reprenais l’avion. Je n’ai pas eu la presence d’esprit de raccourcir le temps entre les deux dates. Resultat, j’ai du avouer que pendant les deux semaines d’intervalle, j’allai visiter “les environs de Nairobi”. Bon, le Masai-Mara et Mombasa, ce n’est pas vraiment dans les environs de Nairobi mais passons…Donc bien sur, ils m’ont demandee pourquoi ils ne venaient pas visiter le village. (Ben parce qu’apres avoir passe 4 mois ici, j’ai un peu envie de voir autre chose du Kenya pendant mes deux semaines de vacances avec mes parents…!). Alors forcement, maintenant qu’ils savent que mes parents viennent au Kenya, ils doivent se dire que mes parents sont de gros riches, comme les hommes bedonnants au costume blanc et bagues en or, vus au service des passeports lundi, comme tout droits sortis de l’epoque coloniale ! Ah oui ca me fait penser, ma mere m’a conseiller de rectifier si je ne voulais pas passer pour une fille pourrie gatee : quand je disais dans un article precedent que j’allais faire appel a la generosite de mes parents, ca voulait dire que j’allais leur demander de me faire un pret hein, on est d’accord, pas qu’ils allaient me virer du fric sur mon compte comme ca ! Pret que je rembourserai en septembre avec ma paie d’ESL… (que ferais-je sans ESL…!). Mais ca tout le monde le sait, puisque je vous ai bassine les Oreilles avec mes dettes l’ete dernier…! ;p

Tiens sinon pour finir, l’etonnement du jour : meme les poules boivent du the !!! La preuve qu’ils ne sont pas si pauvres que ca… !

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